jeudi 11 février 2010

l'Estado Novo et la Revolution des Oeillets

Toutes les informations concernanat le 25 Avril 1974 sur le site de documentation du 25 Avril de l'Université de Coimbra


Copié de  http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19740425


Naissance de l'Estado Novo


La République, instaurée à Lisbonne par la révolution des 4 et 5 octobre 1910, a fait brutalement sombrer le Portugal dans un régime ultra-laïc et violemment anticlérical, qui plus est instable et impuissant à moderniser le pays.

Le 28 mai 1926, le général Gomes de Costa commet un énième coup d'État, mettant fin au régime parlementaire et instaurant une dictature militaire. Celle-ci se consolide avec l'arrivée en 1928 d'Antonio de Oliveira Salazar, un professeur d'économie politique de 39 ans, au poste de ministre des Finances.

En exigeant que son ministère puisse seul autoriser les dépenses, Salazar redresse rapidement la balance des paiements en déficit depuis plus d'un siècle. Cette performance lui vaut d'être nommé président du Conseil en 1932, charge qu'il occupera jusqu'à sa maladie, en 1968 (il mourra deux ans plus tard).

On appelle cette période de l'Histoire portugaise «Estado Novo» (Nouvel État). Ses principes, apparentés au fascisme mussolinien, résident dans le rejet de la souveraineté populaire, une forte autorité de l'État au service de la nation, le corporatisme (collaboration des salariés et des patrons sous l'égide de l'État), le refus de la lutte de classes, du socialisme et du parlementarisme.

On vote malgré tout mais de curieuse manière... Le droit de vote est accessible à tous les hommes de plus de 21 ans sous réserve qu'ils sachent lire et écrire (sauf à payer une taxe de 100 escudos !), et aux seules femmes ayant une licence ou une maîtrise. Les fonctionnaires sont seuls obligés de voter, par devoir civique. Ces conditions excluent des urnes une bonne partie de la population et en particulier la plupart des habitants des colonies ou «provinces d'outre-mer».

La PIDE (Police d'Intervention et de Défense de l'État) emprisonne, torture et tue nombre d'opposants. D'autres, comme Mario Soares ou Álvaro Cunhal, sont contraints à l'exil.

À la fin des années 1950, le Portugal figure à la traîne de l'Europe occidentale pour le développement économique en raison d'une gestion excessivement prudente des dépenses publiques par le docteur Salazar. Le pays se voit contester sa souveraineté sur les derniers vestiges de son empire colonial, en Afrique et en Asie.

Aux Indes, ses possessions de Goa, Damão et Diu sont annexées de force par l'Union indienne. En Angola, vaste colonie d'Afrique australe, les indigènes entament dès 1961 un combat pour l'indépendance. De plus en plus de soldats portugais sont envoyés outre-mer, en Angola, en Guinée et au Mozambique.

Pour le Portugal, à peine peuplé de 9 millions d'habitants, le «maintien de l'ordre» en Afrique devient une charge de plus en plus pesante. Jusqu'à 35% du budget national. 800.000 hommes y participent dans les années 1960 et 8.000 y trouvent la mort.

Marcelo Caetano succède à Salazar à la présidence du Conseil en 1968. Il ébauche une ouverture politique. Mais l'opposition parlementaire manque de consistance. C'est finalement de l'armée que viendra la révolte contre le statu quo et la guerre outre-mer. Celle-ci, en 13 ans, a vidé les coffres de l'État et l'on n'en voit pas l'issue.

Coup d'État militaire

Le coup d'État du 25 avril 1974 est l'oeuvre de jeunes capitaines comme Otelo Saraiva de Carvalho ou Ramalho Eanes. Les généraux António de Spínola et Costa Gomes lui apportent après coup leur concours. Il réussit grâce à l'effet surprise des capitaines du MFA (Mouvement des Forces Armées) qui ont immédiatement pris possession des moyens de communication et obtenu le soutien actif de la population.

On raconte qu'une vendeuse de fleurs du Rossio, à Lisbonne, avait offert aux soldats qui passaient les fleurs de saison qu'elle avait à vendre: des oeillets rouges! Le lendemain, le journal parisien Le Monde sortait en première page : «La Révolution des Oeillets triomphe au Portugal !»

Démocratie en construction

Pendant les mois qui suivent, Lisbonne bouillonne d'effervescence révolutionnaire. On refait le monde dans les bars de la capitale. On multiplie les occupations d'usine. On proclame des quartiers autogérés,... Le reste du pays, quant à lui, se tient dans l'expectative, peu ou prou indifférent à tout ce bruissement.

Un gouvernement provisoire se met en place le 15 mai avec à sa tête le général Spinola, président de la République. Il rétablit les libertés et nationalise les secteurs-clé de l'économie.

Le leader socialiste Mario Soares, ministre des Affaires étrangères, ouvre immédiatement des négociations avec les mouvements indépendantistes des colonies.

C'est dans la précipitation que celles-ci deviennent des États souverains : Guinée-Bissau en 1974, Angola, Mozambique, Cap Vert et Saint Thomas et Prince en 1975. Macao est un peu plus tard rendu à la Chine populaire. Timor-Est, sitôt évacué par les Portugais, est envahi par les Indonésiens.

Le Conseil de la Révolution du MFA, dominé par une majorité d'extrême-gauche, est dissous par un mouvement militaire le 25 novembre 1975 ; néanmoins, les libertés retrouvées restent acquises.

Une nouvelle Constitution, d'orientation socialiste modérée, voit le jour en 1976. Mais la situation politique, économique et sociale ne se normalisera vraiment qu'avec l'entrée du Portugal dans l'Union européenne en 1986.

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